Pour la troisième année consécutive, des évaluations nationales sont proposées aux élèves de CP, CE1 et 6ème à différents moments dans l’année. L’objectif de ces évaluations est de repérer dès le début de l’apprentissage de la lecture les élèves en retard ou à risque de le devenir et de proposer des outils ou dispositifs permettant d’y remédier. Parmi les compétences les plus échouées au niveau national chez les élèves de CP-CE1, on peut noter la connaissance du nom et du son des lettres, le vocabulaire ainsi que la compréhension de phrases et de textes.
Pourtant, la méta-analyse de Puolakanaho, Ahonen, Aro et al. (2007) indique trois puissants prédicteurs de la réussite ultérieure en identification de mots écrits : la dénomination rapide de lettres, les habiletés phonologiques et la connaissance de lettres. La connaissance du nom des lettres exerce une influence sur le développement de la connaissance du son des lettres et des associations lettres-sons et donc de l’entrée dans la lecture (Hillairet de Boisferon, A., Colé, P. & Gentaz, E., 2010). Or, plus de la moitié des élèves de CE2 ne connaissent pas l’intégralité du nom des lettres de l’alphabet (Briquet-Duhazé, 2015) alors qu’il s’agit d’un des attendus de fin d’école maternelle.
Le niveau de vocabulaire est également identifié depuis longtemps comme un prédicteur puissant d’une entrée réussie en lecture et plus largement d’une réussite scolaire (Lieury, 1991). Entendre encore et encore la même histoire, c’est ancrer du vocabulaire dans le cerveau. Les enfants apprennent en effet du vocabulaire à travers l’expérience (des situations de communication et d’échange) et des situations qui ont du sens pour eux. La littérature jeunesse se prête particulièrement bien à cet apprentissage et quel bonheur d’entendre et réentendre une histoire racontée par ses proches ou son enseignant. N’oublions pas que dès 5 ans, les enfants de milieu défavorisé peuvent entendre, en une année, jusqu’à 30 millions de mots de moins qu’un enfant de milieu favorisé (Hart et Risley, 2003) et que cet écart considérable est prédictif de difficultés ultérieures face à l’entrée dans la langue écrite (lecture, écriture, compréhension…).
Enfin, la compréhension des textes écrits entendus est le meilleur prédictif de la compréhension en lecture en fin de CP.